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18 septembre 2012

LA MALADIE DES CERTIFICATS MÉDICAUX


Certains  certificats médicaux sont abusifs. Ils n’ont aucune utilité ni pour la personne dont on certifie qu’elle ne présente aucune contre-indication à la pratique d’une activité, ni pour la santé publique.

Jean-Paul CANEVET, médecin généraliste d'Orvault (Loire-Atlantique) dénonce (1)  « La maladie des certificats médicaux ».



« Chez les médecins généralistes, voilà le retour de la saison des certificats en tous genres. Pendant les semaines de rentrée, une partie de leur temps de travail est consacrée à certifier que le demandeur ne présente aucune contre-indication à la pratique d'une activité sportive.


Ce qui paraît une mesure de bon sens pour des sports à risque, comme la plongée ou la boxe, confine souvent au ridicule s'il s'agit de paisibles occupations de loisir, comme la marche à pied ou l'aquagym. Chaque médecin généraliste a son bêtisier des certificats : pour la pèche à la ligne, le billard ou la « gymnastique douce »...



Pour des praticiens surchargés qui peinent à satisfaire les demandes des malades, ces certificats de rentrée viennent s'ajouter aux innombrables justificatifs que doivent produire des personnes présumées bien portantes pour avoir accès à toutes sortes de démarches de la vie quotidienne (pas de prêt bancaire sans certificat médical...).


Ces demandes hétéroclites agacent d'autant plus les praticiens qu'elles ne s'appuient souvent sur aucune obligation légale : la loi n'impose pas, par exemple, de certificat annuel pour les pratiques sportives de loisir, sans compétition. Mais l'inflation certificatrice illustre l'ambiguïté de la demande sociale faite à la médecine, à la fois surinvestie comme instance de normalisation et instrumentalisée par l'idéologie du risque zéro. Le passage obligatoire du sportif par le cabinet médical témoigne de ce paradoxe qui fait du sport à la fois une hygiène de vie, érigée en norme sociale sous contrôle médical, et un risque sanitaire auquel on ne peut s'exposer qu'avec autorisation médicale.

En dehors des quelques cas de sports à risque, cette conception d'une prévention molle et généralisée, sans objectif ciblé et évaluable, n'a plus cours aujourd'hui. C'est aussi le point de vue de l'assurance-maladie qui ne rembourse pas ces consultations médico-sportives. La balance bénéfices/risques du certificat médico-sportif ne penche pas en faveur de cette pratique systématique qui impose aux praticiens des taches souvent inutiles et parfois absurdes. Les médecins certificateurs sont là confrontés à une inversion de leur rôle : attester l'absence de maladie, au lieu de soigner ou prévenir. La (relative) pénurie tant redoutée de médecins généralistes impose d'ouvrir le débat sur cette pratique qui confisque du temps médical au détriment du soin.»



Cette lettre est juste en  tous  points. Mais je voudrais y ajouter un élément qui me semble très important. Supposons qu’un club de pêche à la ligne demande des certificats de non contre-indication à la pêche à la  ligne. Un candidat à la pêche ira voir un médecin et lui demandera un certificat. Le médecin considérera la demande comme idiote, abusive et non fondée mais, pour ne pas ennuyer le client demandeur, il finira par établir ce certificat.

On peut imaginer ensuite deux situations: ou bien il fait payer cet acte et alors il est obligé de faire comme s’il recherchait une contre-indication, ou bien il ne fait pas payer et manifeste alors qu’il considère ce certificat comme de la paperasse inutile et sans intérêt.

Dans le deuxième cas, il y a  seulement, si l’on peut dire, perte de temps et inutilité de l’acte mais, dans le premier cas, les conséquences sont bien plus graves. Les gens souhaitent que le médecin soit compétent et qu’il cherche à les soulager, à les guérir, à les conseiller et que le médecin soit lui-même conseillé, aidé dans le cadre d'un système global cohérent ayant des  objectifs précis. Cet acte stupide vient leur montrer de façon caricaturale que tel n’est pas toujours le cas. Mais surtout, cela introduit chez tous une forte dose de scepticisme: comment croire au sérieux de ces médecins et de cette médecine qui s’accommodent des certificats de non contre-indication à la pêche à la ligne ? 


Jean-Pierre LELLOUCHE


Addendum: Il existe sur ce lien du site du Ministère de la santé un rappel sur le bon usage des certificats médicaux, avec un document annexe sur les simplifications adminsitratives de l'exercie médical concernant ces certificats, ceux qui sont obligatoires et ceux qui sont imaginaires ou abusifs.

(1) courrier des lecteurs au quotidien régional Ouest-France du 17 septembre 2012

2 commentaires:

  1. Vous oubliez un paramètre important dans cette affaire de certificats médicaux : les assureurs insistent très fort dessus auprès des clubs sportifs, quel que soit le sport pratiqué...

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    1. Les assureurs ont effectivement un rôle notable dans ces excès administratifs en ouvrant le parapluie de l'attestation délivrée par l'homme de l'art sur qui ils se déchargent
      Cependant depuis cette rentrée sportive 2017/2018, ces exigences abusives ont été notablement allégées. Un certificat médical aura valeur 3 années, à condition que la personne concernée prenne connaissance d'un auto-questionnaire lui permettant d'être au courant de signes d'alerte nécessitant éventuellement un nouvel avis médical

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