BIENVENUE SUR PEDIABLOG


Les articles, réflexions et informations de ce blog ont pour but de faire passer des messages, donner des avis, faire part d'expériences professionnelles, proposer des échanges, des réflexions et initier des discussions à propos de la santé physique et psychique de l'enfant. Ce blog se veut aussi lanceur d'alertes à propos d'éventuels dysfonctionnements de notre système de santé, il sera alors parfois dérangeant, bousculant le médicalement correct et les discours officiels bien huilés et aseptisés. Tous les intervenants le font bénévolement et n'ont aucun conflit d’intérêt avec l'industrie pharmaceutique ou agro-alimentaire. Les textes publiés sur ce blog sont la propriété intellectuelle de leurs auteur(e)s. Leur publication ne saurait donc en aucun cas se faire sans leur autorisation. On peut accéder aux articles plus anciens, classés par ordre chronologique, en faisant défiler le contenu du cadre situé juste en dessous "EN REMONTANT LE TEMPS".

Nous vous souhaitons une bonne lecture et tous les auteur(e)s seront heureux de lire vos commentaires et critiques pour une discussion qui ne pourra être qu'enrichissante. Si vous n'y arrivez pas, envoyez votre commentaire à l'adresse suivante: lehouezecdominique@gmail.com

Les remarques déplacées, agressives, injurieuses, racistes seront censurées de même que les commentaires à caractère commercial, politique ou religieux.

6 juin 2014

QUAND BÉBÉ REFLUE



Le "reflux" du nourrisson a fait couler surement autant d'encre dans les revues médicales ou les magazines de puériculture que de lait sur les bavoirs des bébés. L'appellation médicale de "reflux gastro-œsophagien" (ou " RGO ", cela fait encore plus branché) recouvre des réalités différentes selon que l'on est mère de famille, concierge, délégué médical, pharmacien, ostéopathe, médecin, homéopathe, pédiatre (ou encore mieux gastro-pédiatre), professeur et donc enseignant, voire « expert ». Il inquiète les parents, alerte les professionnels de santé et fait la joie de l'industrie pharmaceutique chargée de promouvoir des laits et des traitements « anti-reflux ».


On peut très grossièrement tenter, selon les plaintes décrites par les  parents et les biais de recrutements des soignants parler du "reflux des villes" (les reflux pathologiques prouvés par les données de la science hospitalière) ou du "reflux des champs" (les reflux des régurgiteurs et autres nourrissons souffrant de ces «coliques» pluri-quotidiennes du premier trimestre de vie). Même les « psys » ont leur idée sur ce sujet, en insistant sur l'aspect psychosomatique de certaines de ces manifestions (rejets oraux parfois prémices d'une interaction langagière mère-enfant selon Françoise Dolto).

Ceci pour dire que vouloir donner des recommandations universelles basées pratiquement sur les seules observations « nobles » des reflux "prouvés" ou des œsophagites indéniables parce qu'elles ont été visualisées est un leurre pour le soignant de première ligne et les parents désemparés à la recherche de la recette magique. Cela n'aide pas vraiment à faire le tri chez ces bébés qui vomissent sans pleurer et les autres qui pleurent sans ne rien renvoyer ou les tousseurs chroniques dont le sommeil est perturbé. La vraie vie du soignant « des champs » n'est pas faite que de ces observations impeccables, étayées par des examens indiscutables. C'est l’expérience, les tâtonnements et le souvenir de ses échecs qui aidera finalement le plus le soignant, ainsi que l’écoute et le dialogue qu’il arrive à établir avec ces parents inquiets et fatigués de ces pleurs incessants.

Il faut savoir se rappeler de façon très humble que ces recommandations d'aujourd'hui seront les erreurs de demain comme les dites "recod'hier sont maintenant devenues les erreurs de ce jour. Lorsque l'on revisite les glorieuses années du Prépulsid, on retrouve les "reco" officielles de ces experts qui écrivaient que cette classe de médicaments avaient acquis une place définitive dans le traitement du reflux… A tel point que ce marketing avait réussi à convaincre une majorité de soignants que cette molécule devait être proposée en première intention chez les régurgiteurs simples, où réassurance et laits épaissis ne suffisaient plus. Le devenir de cette prescription a eu les suites que l’on sait, avec un retrait motivé par des accidents cardiaques et malheureusement quelques décès.



Encore actuellement, les gastro-pédiatres ne tiennent pas forcément le même discours, hésitant à promouvoir des molécules inhibant les secrétions gastriques acides, leurs recommandations résultant d’un accord professionnel à minima. Tandis que l’industrie agro-alimentaire nous vante ses laits épaissis ou au bifidus, la pharmacienne vend sa Calmosine ou autres plantes. La nourrice conseille la « pâte rose » que l’on met sur la tétine.  Quant au médecin de terrain, il finit trop souvent par craquer et prescrire la molécule à la mode, l’Inéxium, afin de tenter de soulager ces pleurs qui renforcent la dépression maternelle et/ou son sentiment de mère pas "suffisamment bonne". 

Les temps changent, les « coliques du nourrisson » ont fait place au reflux. Mais même au pays du reflux, tout n'est pas si clair ni si carré qu'il n'y paraitrait. 

On peut, néanmoins, en première intention, donner quelques conseils de bon sens. Tout bébé régurgite plus ou moins, vomit parfois, c’est normal. Régurgitation n’est donc pas synonyme de reflux ni de maladie. Tout bébé pleure, cela exprime un besoin ou parfois une douleur. Tout bébé qui pleure n’a donc pas forcément mal et donc des « coliques » ou un reflux. Cela peut être lié à la faim, à la difficulté à s’endormir ou à se sentir en sécurité. Pour minimiser les problèmes digestifs, on recommande d’alimenter les bébés à la demande sans perturber leur sommeil, de ne jamais les forcer ni prolonger les tétées. La digestion immédiate est favorisée par un portage en position verticalisée ou parfois ventrale. La "valse des laits" ne sert habituellement à rien même si le marketting le prétend.


Les pleurs doivent être d’abord pris en charge par les bras des parents, le bercement, la voix, la musique, les berceuses, parfois la tétine, tout ce que les "psys" nomment la "fonction contenante". Si ces mesures de première intention sont régulièrement défaillantes, un avis et un accompagnement médical s’imposent bien sûr afin de ne pas passer à côté du reflux authentique, mais en essayant d'éviter aussi de médicaliser et de traiter uniquement les pleurs d'un bébé qui n'a pas forcément toujours de douleurs de reflux. 


Dominique LE HOUÉZEC

8 commentaires:

  1. Bonjour. Votre commentaire sur les intérêts marketing m'inspire une question : quid du lait maternel ? Rencontre-t-on des RGO chez les enfants allaités au sein ?
    Sonka

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour. Votre question est pertinente. Le fait pour les industriels de l'alimentation infantile de promouvoir des laits "anti-coliques" ou "anti-régurgitations" (dénommés A.R.) pourrait faire croire qu'il existe une formule de lait quasi-parfaite qui résoudrait les manifestations du reflux du nourrisson. Par assimilation, on serait tenté de croire que le lait maternel qui est le lait idéal pour tous les enfants, aurait également le pouvoir d'éviter les inconvénients du reflux.
    Ce n'est malheureusement pas le cas, le reflux gastro-oesophagien est un problème de contenant et non de contenu. Un estomac qui s'ouvre trop facilement et provoque des renvois plus ou moins acides provoque des reflux quelque soit le type de lait qu'on lui donne à digérer.
    La seule exception est représentée par certaines formes d'intolérances aux protéines du lait de vache qui se présentent comme un reflux pour lequel les traitement anti-acides semblent inefficaces. Seul l'arrêt du lait artificiel pour nourrisson rempalcé par du lait maternel (si le sevrage n'est pas fini par exemple) ou un lait synthétique calmera les symptomes digestifs de ces enfants.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Je ne sais pas si votre site est le bon endroit pour faire étalage de mon problème personnel mais j'aimerais votre avis quant à la prise d'un IPP depuis 15 soirs maintenant (Inexium) et l'absence d'amélioration du RGO de ma fille âgée aujourd'hui de 3 mois. L'éviction des PLV est en cours depuis vendredi dernier (suite à un faisceau de symptômes tels que diarrhées, sang dans les selles, agitation, pleurs inconsolables, petite prise de poids, rhume des foins du papa - nous prenons Nutramigen AA). Bref, ma question serait la suivante : peut-on espérer voir DISPARAITRE son RGO grâce au "traitement" de son allergie ? l'administration d'un IPP concomitamment à l'éviction est elle indispensable sachant que je trouve mon bébé plus agité et avec un moins bon sommeil (la nuit) depuis que je lui donne ce traitement ? Je suis incapable de dire si le traitement la soulage vraiment (notamment d'une éventuelle oesophagite). Merci

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour cette question intéressante. Je ne veux cependant pas me substituer à votre médecin et je vous livre simplement mon sentiment, sous toutes réserves, à partir des données que vous me fournissez.
    Les symptomes que vous énumérez, en particulier une diarrhée avec du sang, évoquent bien sûr au premier chef une intolérance aux protéines du lait de vache. Les symptômes digestifs évocateurs de reflux (régurgitations, douleurs...) associés à cette intolérance disparaissent alors en effet assez rapidement sous une éviction totale du lait en cause. Il est cependant plus prudent de n'interrompre le traitement associé par l'Inéxium que lorsque tous les signes digestifs évoquant des douleurs (pleurs, agitation, réveils...) se seront nettement amendés.
    Cordialement

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour. Maman d'un petit garcon de 3 mois, je lutte avec lui contre ces fameux reflux depuis 2 mois déjà. Après un passage à un lait sans lactose ni proteine de lait de vache (PLV), le Polysilane, l'Inéxium, l'homéopathie, l'ostéopathie, le Magic-mix pour épaissir... rien ne semble vraiment changer. Notre enfant a toujours autant de reflux qui semblent toujours lui causer autant d'inconfort et de douleurs.
    On nous a parlé d'une diversification alimentaire précoce ( type farine ou introduction de quelques cuillères de purée à 1 ou 2 repas/jour).
    Cela m'interroge dans ce contexte sur le lait sans PLV qui, même s'il n'a pas changé les reflux, a nettement amélioré les autres troubles digestifs dont souffrait notre fils (coliques, constipation). Si mon enfant est réellement intolérant aux PLV, cela signifie-t-il qu'il risque de plus facilement développer des allergies alimentaires? Quel est finalement le bénéfice risque? Si l'on commence une diversification aussi jeune, doit-on privilégier certains aliments? ( on m'a parlé de la carotte).
    Je cherche une solution pour le soulager mais ne veut pas prendre de risques inutiles pour lui car après tout, le systeme digestif d'un petit de 3 mois est-il prêt à digérer autre chose que le lait ? Les avis médicaux diffèrent en fonction de "l'ancienneté" des médecins, alors difficile de nous y retrouver. Pourriez vous nous éclairer?
    Merci

    RépondreSupprimer
  6. Je vous remercie de nous faire part des problèmes de votre jeune enfant que vous exposez bien et renvoient à d'autres questions.
    Le premier élément est que l'intolérance aux protéines du lait de vache est à retenir de façon très probable du fait que vous avez constaté une amélioration trsè rapide des symptomes douloureux de votre enfant dès que cett eviction a étét débutée. La persistance de régurgitations alimentaires simples sans autre symptomes est à négliger quand il s'agit d'un signe isolé et cela ne remet donc pas du tout en cause le diagonstic d'allergie alimentaire.
    Cette allergie potentielle peut effectivement etre associée à d'autres allergies alilmentaires ( les plus fréquentes sont les allergies au blanc d'oeuf, à l'arachide et fruits à coques, le kiwi...). on conseillait il ya quleques années de ne donc pas diversifier trop tôt l'alimentaition des bébés, craignant de les sensibiliser progressivement à ces aliments plus fréquemment.
    Des études faites dans divers pays, ont en fait montré une moindre fréquence d'allergies alimentaires
    lorsque ceux-ci étaient débutés pendant une "fenetre d'exposition" ( 4 à 6 mois) au cours de laquelle une tolérance s'effecturait.
    C'est pour cela que vous avez reçu des conseils différents selon l'ancienneté des médecins consultés. vous pouvez donc continuer la diversification et l'alimentation à la cuillère, tout en prenant votre temps et en étant dans l'observatiopn des 24 heures suivant l'ingestion d'un nouvel aliment.
    Cordialement

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour. Je suis un petit peu en colère quand je lis votre article car on a l'impression que pour vous le RGO est juste un effet de mode. Mais en tant que maman qui galère avec un bébé de 8 mois sous Inexium + œsophagite + traitement de fond pour sa énième bronchiolite, je trouve que ça décrédibilise la prise en charge.
    Pour moi le RGO est surtout mieux compris et plus reconnu, ce n'est pas un effet de mode. Avant on disait que c'était des enfants colériques ou autre. Et puis, vous ne donnez pas de solutions pour les RGO des "villes" parce que oui je n'ai pas envie que mon enfant face le bonheur des dernières molécules à la mode et des labos pharmaceutiques, mais alors on fait quoi ?

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour et merci de cette saine colère que je comprends tout à fait. Je ne dis pas que le reflux du nourrisson est un effet de mode car les enfants qui sont touchés en souffrent beaucoup. Avec le recul et l'expérience, je constate simplement que c'est un diagnostic trop facilement porté devant des symptomes fréquents et banals surtout chez le très jeune nourrisson (pleurs modérés, régurgitations, difficultés alimentaires...) avec des traitements lourds et/ou prolongés qui peuvent être parfois délétères.
    Alors effectivement, je n'ai pas de solution miracle mais je voudrais faire passer le message que le diagnostic de reflux nécessite l'existence de signes très évocateurs surtout si une oesophagite s'est installée (pleurs intenses et difficilement consolables, réveils nocturnes douloureux, toux rauque parfois après les tétées ou biberons, les renvois n'étant pas un bon signe de reflux...). Pourriez-vous me dire sur quels arguments le diagnostic d'oesophagite a été porté si cela ne vous dérange pas ?
    Il faut se méfier de tableaux trompeurs évoquant à tort un reflux comme l'intolérance aux protéines de lait de vache qui ne se calmera qu'avec un lait spécifique et sans aucun médicament.
    Vous parlez de bronchiolites répétées, ce diagnostic peut aussi être trop facilement mis en avant. Un enfant qui a un reflux mal contrôlé tousse et peut siffler du fait de renvois irritants dans ses bronches.
    Je ne veux pas faire de diagnostic à distance pour votre enfant et je me permets simplement de vous donner quelques pistes pour tenter de vous aider et je comprends votre inquiétude et cette colère devant ces symptomes qui se prolongent.

    RépondreSupprimer