La rencontre entre un médecin et un malade ou plus généralement entre le médecin et celui ou celle qui vient le consulter est parfois pleinement satisfaisante, parfois pas.
Il arrive que des médecins pervers ou fous imposent à leurs consultants des situations totalement intolérables. Ces situations heureusement exceptionnelles ne peuvent avoir lieu et perdurer que si la relation a lieu sans aucun regard extérieur. Faut-il pour éviter ces dérapages exceptionnels envisager une situation de totale transparence ? Toute relation entre un médecin et un malade doit-elle être vue, entendue, écoutée par tous ?
S’il fallait choisir entre le secret absolu et la transparence totale, il faudrait sans aucun doute préférer le secret. Mais le secret a deux inconvénients. D’une part, il rend possible les anomalies majeures dont on ne répétera jamais assez qu’elles sont exceptionnelles, mais d’autre part, il ne permet pas une réflexion collective en vue d’améliorer la relation médecin-malade.
Plutôt que de proposer une réflexion théorique sur les différents modèles de relation médecin-malade, je voudrais retranscrire des échanges de témoignages et de réflexions qui ont eu lieu entre quelques médecins et quelques-uns de leurs proches. Je terminerai par deux articles éclairant cette relation médecin-malade complexe.
2éme témoignage-réflexion
Moi, j’ai connu un ORL qui lui aussi ne me disait rien et puis un jour, j’ai eu une diminution de l’audition et il devait m’opérer. A ma grande surprise, il m’a expliqué de façon précise pourquoi il fallait m’opérer et ce qu’il allait faire. Il a fait un dessin, puis il m’a montré des dessins dans un livre et il a vérifié que je comprenais bien et que j’étais d’accord.
3éme témoignage-réflexion
Il va de soi qu’il faut que l’ophtalmo et l’ORL dont vous avez parlé expliquent un peu ce qu’ils font, mais dans ces cas, ils sont en situation de savoir des choses devant un consultant qui lui ne sait pas et qui a besoin d’être informé. On est dans ce cas dans une situation asymétrique classique : le médecin sait et le consultant ne sait pas.
En ce qui me concerne j’ai demandé au pédiatre qui allait vacciner mon fils si l’aluminium contenu dans le vaccin faisait courir un risque et s’il n’était pas possible d’envisager un vaccin sans aluminium. Il n'était visiblement pas très content et il m’a répondu sèchement. J’ai vraiment eu l’impression d’être non pas devant un professionnel compétent ayant eu accès à une information sérieuse sur ce sujet et ayant pu en parler avec des collègues mais à un simplificateur-militant ayant décidé une fois pour toutes que les vaccins, c’est bien et que sur ce sujet il n’y avait rien à dire.
4éme témoignage-réflexion
D’autres interventions ont eu lieu lors de cet échange :
- le médecin doit-il être joignable téléphoniquement pour donner des précisions si quelque chose n’a pas été clair ou si de nouveaux points doivent être précisés en cours d’ évolution ?
- comment dire à un médecin que l’on n’a pas pris tous les médicaments ou que l’on n’a pas suivi toutes les recommandations ? Et quelle doit être la réaction normale du médecin à ce "manquement" ?
Jean-Pierre LELLOUCHE
(1) Emanuel E.J., Emanuel L.L. JAMA 1992. 167 (16) : 2221-2226
(2) Sgrccia E. Manuel de Bioéthique : Les fondements et l'éthique. pages 217-220. Mame-Edifa 2004
(2) Jaunait A. Dossier Raisons politiques. N°11, 2003/3 "Le corps du libéralisme": 59-79. Presses de Sciences Po
Je lis par hasard ce texte avec lequel je suis d'accord.
RépondreSupprimerMais je m'étonne que l'auteur n'ait pas parlé de la durée de la consultation. Il y a des consultations tellement expéditives qu'elles ne donnent pas le temps d'un échange. Le malade, surtout s'il est timide et mal à l'aise, n'a absolument pas le temps de dire ce qui lui tient à coeur et n'a aucune chance d'être entendu.
Par ailleurs, j'ai eu il y a 6 ans un cancer pour lequel il m'a été demandé d'avoir un bilan radiologique tous les deux ans. Allant pour une échographie qui était la troisième faite par le même échographiste, je l'entends me demander : "Vous venez pourquoi?"
Ensuite mais ensuite seulement, il a regardé mon dossier et il a vu que j'avais été opéré etc, etc. Il avait tous les éléments dans son dossier mais il ne l'avait pas regardé.
Je crois que cette attitude témoigne de la volonté de faire vite, de gagner du temps et de gagner des sous. Mais ce doit être plus complexe que cela.
Si ma vie lui importait beaucoup, il aurait cherché à prendre le temps et à lire mon dossier ou au moins à le parcourir. S'il se fiche à peu près totalement de ma vie, il est normal qu'il fasse vite avec le moins d'implication possible.
La médecine rapide en même temps qu'elle fait gagner beaucoup d'argent est aussi une médecine de l'implication minimale. Et peut-être que dans certaines spécialités, il est plus facile pour le médecin de ne pas s'impliquer, d'avoir un fonctionnement automatique rapide et superficiel.
Benjamin FERCHAUD