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Frédéric DELIGNE (21.01.2013) |
La rentrée 2013 remet à la page ce que l'on nomme les
rythmes scolaires. Il s'agit d'essayer d'adapter au mieux les conditions
d'apprentissage des élèves au tempo de leur horloge biologique. Ce sujet n'est
pas nouveau et cette nécessité qui paraîtrait logique avait été démontrée depuis longtemps, dans les années
1980, par les spécialistes en la matière
(1) qui ont dénommé chronobiologie les fluctuations régulières des fonctions humaines lorsque le temps s'écoule.
Que sait-on de ces rythmes biologiques chez l'enfant ?
L'espace-temps se découpe en périodes, en rythmes variables d'une espèce animale à l'autre. Le rythme le plus connu est le rythme circadien, défini par la durée d'une journée (dérivé du latin circa=presque et diem=jour) avec son alternance jour-nuit. Tout au long de ces 24 heures, notre organisme n'a pas les mêmes besoins, la même activité, les mêmes sensations. En fonction de ces facteurs variables dans le temps, une horloge interne, située dans les noyaux supra-chiasmatiques de la base du cerveau va coordonner ces rythmes biologiques.
Cette horloge va réguler les secrétions hormonales afin de respecter les besoins qui se répètent régulièrement au fil des jours sous la commande de facteurs endogènes et aussi de facteurs exogènes, facteurs qui interviennent de façon conjointe (2).
Les facteurs exogènes sont de nature socio-écologique, liés à l’environnement, telles que les alternances lumière-obscurité, repos-activité, chaud-froid, horaires des repas, alternance des saisons. Ces facteurs ne créent pas les rythmes, ils ne font que les moduler. Le rôle du sommeil est fondamental et la privation de sommeil est capable de modifier notablement ces rythmes biologiques.
Les facteurs endogènes sont dépendants de caractères génétiques. Ils peuvent par exemple intervenir dans la régulation du cycle veille-sommeil et sont impliqués dans la typologie du sommeil (petits ou gros dormeurs, sujets du matin ou du soir) de chacun de nous.
Quelques exemples de ces rythmes. La température du corps varie au long de la journée, elle est au plus élevée en fin d'après-midi et au plus bas la nuit.
La sécrétion des corticoïdes (cortisol) n'est pas linéaire. Elle est maximum à 8 h le matin. L'hormone de croissance est secrétée principalement la nuit chez l'enfant. La sécrétion de la mélatonine, secrétée par l'épiphyse, est basse la journée et augmente le soir vers 23 h pour être maxima en milieu de nuit vers 4 à 5 h. Cette mélatonine est considérée comme l'hormone du sommeil. Elle est sensible à des facteurs exogènes : une exposition lumineuse nocturne diminue les concentrations de mélatonine et déclenche un déplacement de son pic de production qui est avancé ou retardé selon le moment de l'exposition.
Le rythme veille-sommeil est l'un des facteurs de régulation de ces rythmes biologiques. Toute privation de sommeil, même partielle, déclenche chez l'enfant des perturbations des apprentissages des taches complexes (créatives) mais aussi des taches habituelles si elles sont réalisées en fin de journée. On voit donc que le respect des besoins de sommeil chez l'enfant, en fonction de son âge et de sa maturité cérébrale, sont primordiaux pour sa scolarité.
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Variations des performances à 3 épreuves
selon l'horaire (selon Testu, 1994) |
Lors de la journée d'école, les expériences (1) de mesure de la performance intellectuelle montrent des capacités optima entre 9 h 30 et 12 h puis en fin d'après-midi, entre 15 h et 17 h. Par contre, de faibles performances sont observées en début de matinée, 8 h 30 à 9 h 30, et en début d'après-midi, entre 13 h 30 et 15 h (3).Ce profil de rythmicité s'installe entre la maternelle et la fin du primaire, mais il varie selon l'âge. C'est pourquoi les experts insistent sur l'importance de modalités d'enseignements différentes en maternelle, primaire et secondaire.
Lorsque l'on étudie les variations hebdomadaires des performances sur une semaine de 4 jours, le rythme journalier classique décrit précédemment disparaît pour laisser place à une rythmicité inversée, avec une baisse de la vigilance vers 11 h du matin. Ceci est particulièrement net pour les tests réalisés chez les enfants des zones "sensibles", scolarisés dans les écoles de ZEP (zones d'éducation prioritaire) qui sont alors dit "désynchronisés". Cette rupture serait d’autant plus nette que les activités extra-scolaires seraient pauvres ou inexistantes. Par contre ce type d’aménagement hebdomadaire n’a pas d’incidence particulière sur les performances des enfants vivant dans un environnement socioculturel dit "normal". Cette désynchronisation se manifeste volontiers par fatigue, mauvaise qualité du sommeil, mauvaise humeur, troubles de l’appétit et a pour corollaire des apprentissages plus délicats.
Si au contraire, la semaine comporte 4 jours 1/2 ou 5 jours de classe, ce phénomène de désynchronisation ne se manifestera que le lundi faisant suite à un congé de fin de semaine d’un jour 1/2 ou 2 jours ainsi que la demi-journée précédant ce weekend. Dans une semaine scolaire de ce type, les élèves réalisent leurs meilleures performances le jeudi et le vendredi matin (3). Par ailleurs, ces fluctuations hebdomadaires sont moins prononcées en milieu rural, avec des performances du lundi sensiblement identiques à celles des autres jours de la semaine.
La fatigue scolaire est le résultat du non-respect de ces données physiologiques communes à tous les enfants. Le risque d'un échec scolaire qui en résulte éventuellement est source de stress, d'anxiété, de troubles du sommeil et de manifestations somatiques (douleurs abdominales, céphalées, migraines, tics...) entraînant des absences scolaires itératives risquant d'enkyster la spirale de l'échec.
Comment nos sociétés traitent leurs enfants à travers cet
espace-temps ?
L'historique du temps scolaire permet de ne pas oublier d'où nous sommes partis.
- Le calendrier scolaire était initialement celui de Jules Ferry, promoteur de "l'école gratuite et obligatoire" (1882). L’écolier est en classe 6 heures par jour et 5 jours sur 7 (Le jeudi est consacré à l’instruction religieuse). Les grandes vacances durent 1 mois et demi, auxquelles s’ajoutent une semaine à Pâques et quelques jours fériés dans l’année. Jusqu'à la première guerre mondiale, les élèves n'ont qu'un seul mois de vacances l'été. Celles-ci vont ensuite s'allonger, tandis que d'autres périodes de repos apparaissent. Elles sont alors dictées par les calendriers religieux et agricole (les moissons et les vendanges) pour s'étaler du 15 juillet au 30 septembre.
- Fin des années cinquante : l’équilibre entre temps de travail et de repos pour l’élève est souligné par les pouvoirs publics. Une circulaire recommande en 1956 la suppression des devoirs du soir.
- Années soixante, le début des grandes vacances est fixé au 28 juin et la rentrée est avancée au 16 septembre. Les grandes vacances atteignent leur durée record (dix semaines). Ce sont "les trente glorieuses" : la croissance économique, la démocratisation et l'essor du tourisme font du calendrier scolaire un enjeu économique.
- 1969 (Edgar Faure), les cours du samedi après-midi sont supprimés et la durée des cours hebdomadaires passe donc de 30 à 27 H. Trois ans plus tard, le mercredi remplace la pause scolaire du jeudi.
- Années 1980, sous l'influence des sociologues, on commence à s'inquiéter des rythmes scolaires et de leurs répercussions. Les études scientifiques soulignent la fatigue des enfants à l’école. Un rapport du Conseil économique et social souligne que la France est le pays où la durée des grandes vacances est la plus longue avec la journée scolaire la plus chargée. En 1981 (Jacques Lang), les vacances d'été sont raccourcies de 2 semaines (passant à 2 mois), au profit des vacances de la Toussaint et d'hiver, tandis que les vacances de Pâques subsistent mais deviennent les vacances de printemps. En 1986, première tentative de rythmicité : une période de 7 semaines d'école est suivie de 2 semaines de repos (rythme 7/2). Cette tentative fera long feu, ne durant qu'une année. Les élèves fréquentent l'école durant 26 heures hebdomadaires, soit 936 heures annuelles.
- en 2008 (Xavier Darcos), malgré les avis négatifs des spécialistes, la semaine de quatre jours se met en place, avec 24 heures de cours hebdomadaires, soit 6 H. par jour (sans compter les heures de soutien)
- 2012, Vincent Peillon, nouveau Ministre de l'éducation nationale, annonce le retour de la semaine de 4 jours 1/2 et une réforme des rythmes scolaires.
Il était plus que temps que cette réforme s'engage lorsque l'on compare les chiffres français à ceux de nos voisins européens (4).
Le nombre de jours de classe des petits français est de 144 en primaire et 178 en secondaire. Ces journées sont réparties sur 35 semaines dans l'année scolaire avec donc 17 semaines de vacances, dont 9 semaines l'été.
La moyenne européenne de jours de travail est de 187 jours, se répartissant sur un laps de temps plus long, en moyenne de 38 semaines. Cet allongement du calendrier permet un meilleur étalement de l’année scolaire.
A l'étranger, les vacances d'été sont soit plus courtes (6 semaines en Allemagne), soit plus longues (12 semaines en Italie)
Nous sommes les seuls à avoir adopté un rythme de 4 jours de classe par semaine au cours de laquelle se cumulent 24 h. d'enseignement, soit 6 heures par jour. Chez nos voisins, les élèves répartissent un nombre d'heures moindre sur une semaine de 5 jours, permettant donc des journées plus courtes, moins denses et moins fatigantes. La durée de chaque cours est volontiers plutôt de 3/4 h. que d'une heure.
En extrapolant les données de l’OCDE, on observe que la charge quotidienne moyenne des enseignements de la zone européenne (horaire total/nombre de jours) serait de 4 h. dans le primaire et un peu moins de 5 h. dans le secondaire. Notre calendrier français concentre au contraire un nombre maximum d'heures de cours (847 h. en primaire) sur un minimum de temps (144 jours) (5)
Le changement est-ce vraiment maintenant ?
Le Ministère de l'éducation nationale a débuté à la rentrée 2013 de façon progressive des réformes qui
introduisent, dans les communes volontaires (environ un quart d'entre elles), des semaines
scolaires de 4 jours 1/2 au lieu de 4, permettant de mieux étaler dans le temps
les apprentissages sur 180 jours au lieu de 144 jusqu'à présent. Des activités péri-scolaires (sports, arts, activités culturelles) doivent être mises en place
en fin de journée afin de raccourcir la durée du travail effectif quotidien et d'ouvrir l'enfant à des apprentissages variés sous une forme plus ludique (6).
Un raccourcissement à 6 semaines de la durée des vacances d'été est aussi dans les cartons du Ministère, avec une plage commune de 4 semaines (mi-juillet/mi-août) et un zonage rajoutant 2 semaines soit avant, soit après, selon les deux régions qui seront concernées. Ceci permettrait d'allonger la durée du temps scolaire de 35 à 37-38 semaines par an.
Comme le formulent nos sages de l'Académie de médecine (7), tout ceci sera long, compliqué, sur un chemin semé d’embûches "Cette réflexion nécessite donc l'avis de partenaires très différents dont les objectifs peuvent être opposés : parents, enseignants, chercheurs, industrie du tourisme. Il faut souligner également le rôle non négligeable des habitudes sociétales actuelles dans les prises de position des uns et des autres : les loisirs, les week-ends, le temps libre. Il apparaît ainsi que l’enfant n’est pas au centre de la réflexion."
L'inertie administrative de l'usine à gaz du Ministère sera sûrement un frein moteur gênant la concrétisation des annonces du Ministre. Les crédits à trouver dans les communes concernées par la mise en place des activités péri-scolaires devront faire l'objet de choix privilégiant une classe d'âge qui n'a pas encore droit au bulletin de vote. Les activités proposées devront s'adresser en priorité aux enfants des milieux défavorisés qui risqueraient sinon de remplir ce temps vide par le désœuvrement ou la vacuité culturelle de la télévision. Les avantages acquis de certains enseignants, devant revoir leurs emplois du temps, devront être renégociés et leurs salaires revus à la hausse en fonction de ces horaires plus contraignants. L'industrie du tourisme devra s'adapter aux nouveaux calendriers scolaires. Le conservatisme de parents méfiants vis-à-vis de telles nouveautés qui leur sont édictées d'en haut devra faire appel à de la pédagogie et à l'explication des avantages de cette réforme pour leurs enfants. Ces mêmes parents devraient comprendre que l'enfant ne devrait pas être systématiquement l'otage de leurs horaires de travail, des gardes alternées, de leurs loisirs et de leur réservations vacancières.
Il faudra garder à l'esprit que finalement les décideurs concluront toujours grâce à un consensus fait pour satisfaire la majorité des citoyens et non par forcément l'intérêt de celui qui est vraiment concerné et au centre du problème. Le respect des rythmes de l'enfant risquerait alors de se transformer en un alibi destiné à justifier des changements à minima. Le débat persistera toujours, "débat dont, pour certains, les enjeux sont plus sociétaux que spécifiquement attachés à l’optimisation des rythmes scolaires, au profit des enfants, de leurs acquisitions et de leur bien-être à l’école" (8).
Que recommandent les experts des rythmes de l'enfant ?
Une expertise collective très documentée et pragmatique a été réalisée
sous la houlette de l'INSERM (8) en 2001. L'Académie de médecine (7) a ressassé ce même message en 2010. Une conférence nationale a enfin été organisée en 2011
par le Ministère de l'éducation nationale afin d'établir un consensus sur les points les plus importants. Que faut-il surtout en retenir ?
- Il est primordial de respecter les besoins de sommeil de l'enfant qui évoluent tout au cours de la croissance et de tenir compte du rythme veille-sommeil propre à chacun d'entre eux (petits et gros dormeurs, enfants du matin et enfants du soir). La sieste chez le jeune enfant n'est pas un luxe ou du temps perdu, c'est une temps de repos indispensable jusqu'à l'âge de 4 à 5 ans, parfois au delà, que les responsables des classes maternelles doivent respecter et quelque soit le rythme scolaire hebdomadaire adopté. Les horaires de travail des parents, les jeux vidéos, les tablettes et les programmes télévisés ne sauraient servir de référence à l'heure de coucher des jeunes enfants. La télévision ou les tablettes de jeu n'ont pas leur place dans la chambre d'un enfant si l'on veut encourager un endormissement calme et serein. Les horaires de coucher et de lever réguliers sont plus profitables au respect des rythmes physiologiques. Les levers trop tardifs en dehors des périodes scolaires seraient par contre néfastes sur le long terme.
Il n'existe pas de vitamines ni de "remontants" contre la fatigue, de médicaments "miracles" de la mémoire ni de traitement quotidien par sirop pour faire dormir un enfant.
- Le temps scolaire devrait être planifié en prenant compte de ces besoins spécifiques de l'enfant. Les performances intellectuelles et l'attention maxima de l'enfant doivent faire concentrer les apprentissages durant cette phase qui se majore au fil de la matinée et décline en début d'après-midi. Une période intermédiaire d’activités calmes, lors de l'accueil en début de matinée, serait souhaitable. Une pause méridienne suffisante, sans précipitation pour se détendre dans des cantines faites de petites unités conviviales où l'on évite bruits assourdissants et stress serait l'idéal. Il est ensuite judicieux de ne pas prévoir en début d'après-midi de matières fondamentales nécessitant une vigilance notable.
Pour la classe d'âge des adolescents, le début des cours devrait être retardé vers 9 H. L'adoption dans cette classe d'âge d'horaires de sommeil très décalés durant les weekend ne fait que favoriser les difficultés d'endormissement et la tendance à la somnolence diurne.
- La semaine scolaire continue est plus en adéquation avec ces rythmes biologiques que lorsqu'il existe une rupture médiane (le mercredi). La désynchronisation de l'enfant est en effet plus nette le lundi matin lors de la semaine de 4 jours (9). L'avantage de la matinée supplémentaire de la semaine de 4 jours 1/2 voire 5 jours est parallèlement de diminuer le total des heures quotidiennes de travail en les ramenant de 6 à 5 H. maximum. et de pouvoir rallonger les "petites vacances" sur l'année scolaire.
- Il serait également bon que certains parents, soucieux de ne rien rater pour leurs enfants ne leur imposent pas des semaines "marathon", cumulant plusieurs activités artistiques et/ou sportives avec parfois les mêmes enjeux d'évaluation et de compétition que le système scolaire qu'ils critiquent. Les temps de jeux sont aussi nécessaires que les récréations. Les temps libres de rêverie et de créativité de l'enfant ne sont pas des trous ou des blancs à combler systématiquement. Il sont là pour lui permettre de développer sa vie imaginaire et sa maturité psychique.
- Les variations annuelles de moindre résistance aux facteurs exogènes (froid, faible luminosité, infections saisonnières...) surviennent en début et fin d'hiver (Toussaint et fin février-début mars). Ceci devrait autoriser des périodes de 2 semaines pour les "petites vacances" de ces deux périodes (10). Le rythme souhaitable serait donc une alternance de 7/8 semaines de scolarité entrecoupées de pauses de 2 semaines.
L’amélioration des rythmes scolaires est bien sûr souhaitable pour que l’éveil de l’enfant puisse se réaliser en tenant compte de son
fonctionnement physiologique. Ce qui a
été enfin mis en place doit être encouragé et se poursuivre en y mettant les
moyens humains et financiers nécessaires. Les enseignants devraient être au cœur de ces réflexions et de ces décisions car ce sont eux qui ont la plus forte pratique de ces difficultés des enfants qu'ils observent au quotidien, tout en se rappelant bien sûr qu'ils sont aussi juges et parties.
Ces réformes ne résoudront cependant pas, d’un coup de baguette
magique, la trop forte proportion
d’échecs de notre système scolaire actuel (10,4 % des jeunes de 17 ans sont en difficulté de lecture et 4,8 % en grande difficulté (11) 150.000 jeunes sortent du système éducatif sans diplôme chaque année).
D’autres facteurs plus complexes sont en jeu, telle la sélection sociale qui privilégie de manière obligatoire
les enfants de famille aisée qui détiennent les codes et les outils pour
accompagner leurs enfants tout au long de leur parcours.
Le trop faible nombre
d’enseignants, les classes surchargées, le manque de formation continue à la pédagogie de nombreux enseignants, le
manque de considération par leur hiérarchie et par de nombreux parents de cette
profession prise ainsi en étau, sont autant de facteurs d'aggravation du facteur humain du système scolaire.
Le principe de la seule valorisation de l'excellence et de la réussite scolaire à tout prix est un écueil franco-français (système des notations aboutissant à un classement des élèves, punitions inappropriées, programmes surchargés, collège unique pour des élèves aux capacités diverses et multiples, filière professionnelle souvent perçue comme une option par défaut pour des élèves jugés incapables de suivre la noble voie du général, quota de plus de 80% de bacheliers à obtenir à tout prix aboutissant à dévaloriser totalement cet examen). Les ruptures trop brutales entre la maternelle et le CP puis à l'entrée du secondaire, entre CM2 et la sixième sont déstabilisantes pour l'enfant.
Toute cette ambiance engendre un système où une pression excessive, dès le CP, pèse sur des enfants stressés et sur des parents inquiets, agressifs, le tout aboutissant de fait à enfoncer davantage les plus faibles. L’enfant doit se sentir entouré, soutenu, aidé et pas surinvesti, jugé, testé. La spirale de l'échec débute habituellement dès le primaire, système qui convient aux "bons" élèves et ne prenant pas assez en compte les enfants en difficulté (diminution des RASED, redoublements inefficaces). Ceux-ci se sentent alors rejetés, s'absentent, décrochent, voire se révoltent contre un milieu où ils se sentent stigmatisés, surtout s'ils sont issus d'un milieu socio-économique et socio-culturel défavorisé qui ne valorise que très peu le savoir scolaire et les enseignants.
Pour conclure, je voudrais vous faire méditer deux réflexions d'un ancien élève en échec scolaire qui se nommait Albert EINSTEIN. La première fait place au rêve: " L’imagination est plus importante que le savoir " mais le savoir est bien sûr aussi indispensable quand il rajoute: " L'enseignement devrait être ainsi : celui qui le reçoit le recueille comme un don inestimable mais jamais comme une contrainte pénible ".
Dominique LE HOUEZEC
Je remercie EP., CL. et JPL. pour leurs relectures constructives
(1) MONTAGNIER H. Les rythmes de l'enfant et de
l'adolescent. Stock. Paris 1983
(2) REINBERG A.E., TOUITOU Y. — Synchronisation et dyschronisme des rythmes circadiens humains. Pathol. Biol., 1996, 44, 487-495
(3).TESTU F. Quelques constantes dans les fluctuations journalières et hebdomadaires de l’activité intellectuelle des élèves en Europe. Enfance 1994b, 4 : 389-400
(4) Rythmes scolaires : éléments de comparaison internationale.
Ministère de l'éducation nationale
(5) CHARBONNIER E. L’année scolaire dans le primaire est-elle trop chargée en France ? 16 oct 2011
(6) De nouveaux rythmes scolaires à l'école primaire. Ministère
de l'éducation nationale
(7 ) TOUITOU Y. BEGUE P. Aménagement du temps scolaire et santé de l'enfant. Bull Acad Natle. Med. 2010; 194, 1 : 107-122
(8) Rythmes de
l'enfant. De l'horloge biologique aux rythmes scolaires. Editions INSERM. Février 2001
(9) TOUITOU Y. A propos des rythmes de vie chez l’enfant. Arch. Pediat. 1999, 6, 289-291.
(10) HUGUET G., TOUITOU Y., REINBERG A. — Morning versus afternoon gymnastic time and diurnal and seasonal changes in psychophysiological variables of school children. Chronobiol. Int., 1997, 14, 371-384
(11) Eduscol "Agir contre l'illettrisme de l'école au collège"
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