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20 février 2023

VACCIN H.B. CHEZ LE NOURRISSON, POURQUOI FAIRE ?


Le vaccin contre l’hépatite B est préconisé en France chez tous les nourrissons depuis l'année 1994. Il est devenu obligatoire à partir de 2018. Cette politique vaccinale de masse a pour objectif de prévenir la survenue ultérieure d'une contamination possible dès le début de relations sexuelles à risque.

Quel est vraiment l'avantage de cette vaccination forcée dans des pays (Europe  du Nord et de l'Ouest) où la prévalence du portage viral est très faible (< 2%) ?


Chez le nourrisson, la vaccination contre l'hépatite B comporte trois injections qui sont pratiquées très tôt, dès l'âge de 2 mois, 4 mois et 10/11 mois, en même temps que les vaccins combinés contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et les infections à Haemophilus Influenzae (Infanrix hexa, Hexyon et Vaxelys).

ll est évident qu'une vaccination anti-hépatite B réalisée à cet âge n'a aucun intéret immédiat chez des enfants nés dans des pays industrialisés comme la France. La contamination du virus de l'hépatite B survient par voie sanguine ou par voie sexuelle et ne peut se voir qu'à partir de la fin de l'adolescence. Un nourrisson non vacciné contre l'hépatite B ne peut en aucun cas contaminer un autre enfant ou un adulte de son entourage proche ou en collectivité.

                                                                             

La seule exception qui peut se voir est le cas d'une contamination précoce, en fin de grossesse ou lors de l'accouchement, et qui est liée à un portage chronique du virus chez la mère. Les femmes porteuses de ce virus sont pour la plupart des personnes nées en Afrique ou en Asie. Afin de dépister avant l'accouchement ces femmes à risque, un test sérologique à la recherche d'antigènes HBs du virus de l'hépatite B est obligatoire chez toutes les femmes enceintes, durant leur grossesse.(Au même titre que les dépistages de la toxoplasmose, syphilis, rubéole et cytomégalovirus), 


La principale question essentielle concernant ces nourrissons vaccinés de façon obligatoire contre l’hépatite B est donc : seront-ils toujours protégés quand ils seront devenus adolescent ou à l'âge adulte ?

De nombreuses études dans différents pays ont été réalisées. L'immunisation durant la première année par le vaccin contre l'hépatite B est très efficace. Cependant, il faut aussi en savoir plus sur la durée de la protection et les indications de rappels. Il est considéré qu'une protection contre l'hépatite B existe avec un taux d'anticorps anti-HBs ≥ 10 à 12 mUI/ml. Si ce n'est pas le cas, en cas de taux d'anticorps    < 10 mUI/ml., il est nécessaire de savoir si une réponse immunitaire réapparait après une injection de rappel.

* Une étude prospective conduite au Canada (1) sur 350 enfants a consister à réaliser des dosages d’anticorps anti-HBs de l'immunité résiduelle, soit à 10-11 ans, soit à 15-16 ans. Aucun d'entre eux n'avaient de données immunitaires (antigène HBs) qui auraient pu témoigner d'une infection par le virus hépatite B.

- 106 participants (30 %) avaient un taux d’anticorps ≥ 12 mUI/ml, considérés comme protégés. 
- Les  241 enfants ayant un taux d'anticorps inférieur ont reçu un rappel vaccinal, suivi d'un nouveau dosage d'anticorps. Presque tous ont répondu à la stimulation vaccinale, 97% chez les plus jeunes et 91% chez les adolescents, confirmant la persistance de la mémoire immunitaire. Les réponses du rappel chez les enfants de 10 à 11 ans ont été vigoureuses. Cependant, les réponses anamnestiques étaient plus faibles chez les 15-16 ans, voire perdues chez certains de ces adolescents.

* Une recherche réalisée en Amazonie Brésilienne (2) a recueilli une cohorte de 522  très jeunes enfants (moyenne 4,3 ans).  Un tiers des enfants évalués (32%) présentaient déjà des taux anti-HBs <10 mUI/ml. Le niveau d'anticorps anti-HBs mesurés à distance diminuait chez les enfant dont les âges étaient les plus élevés. Par contre, plus l'intervalle de temps entre les 2ème et 3ème doses vaccinales était long, plus le taux d'anticorps était élevé.

* Une étude portant sur une population d'enfants d'Alaska vaccinés dès la naissance, a recueilli les données mesurant la réponse immunitaire à une dose de rappel du vaccin chez 166 enfants (5-7 ans) et 212 adolescents (10 à 15 ans). Le taux de réponse anamnestique 2 semaines après le rappel montre que  97 % des enfants de 5 ans ont répondu, contre simplement 60 % des enfants de 14 ans. L'importance de la proportion accrue de non-réponses chez les adolescents plus âgés pourrait donc indiquer une diminution de la mémoire immunitaire au fil du temps.

* Une méta-analyse de 46 publications portant sur les taux d'anticorps anti-hépatite B ≥ 10 mUI/ml dosés 5 à 20 ans après la primovaccination et 29 études portant sur la réponse après un rappel vaccinal à distance ont été retenus. Le modèle pronostique prévoyait une protection à long terme de 90 %  à l'âge de 17 ans. Les facteurs prédictifs de la diminution de l'immunité ont retenu quelques données: une dose de vaccin insuffisante, l'intervalle de temps entre la précédente dose de la primovaccination et la dernière, ainsi que l'existence d'un mère porteuse chronique du virus.

Ces différentes publications montrent que l'immunité post-vaccinale contre l'hépatite B risque de s'évanouir progressivement au fil de l'eau. La vaccination systématique du nourrisson développe une immunité initiale certaine mais elle risque de devenir insuffisante une vingtaine d'années plus tard, à une période où une possibilité de contamination peut surgir (sexualité à risques, tatouages, partage d'aiguilles et de seringues contaminées, piqures accidentelles du personnel médical..).

Plutôt que de multiplier chez le nourrisson des vaccinations parfois inutiles et sans risque zéro, pourquoi ne pas attendre la puberté et la fin de l'adolescence pour proposer ce vaccin surement utile si un comportement à risque ou une indication professionelle existent.


Dr Dominique LE HOUEZEC

Références

1.PINTO M.  « Will infant hepatitis B vaccination protect into adulthood? Extended Canadian experience after a 2-, 4- and 6-month immunization schedule ». Pediatr. Infect Dis J, 2017; 36: 609-61

2 CORDEIRO GOMES L. "Laura Levels of hepatitis B antibody titers are affected by age and doses gap time in children from a high endemic area of the western Amazon" PLoS One.2021 Jul 1;16(7)

3.TSAMANDARI Taraz "Differences in response to a hepatitis B vaccine booster dose among Alaskan children and adolescents vaccinated during infancy" Pediatrics  2007 Aug;120(2):e373-381 

4. SCHONBERBER K. "Determinants of Long-term protection after hepatitis B vaccination in infancy: a meta-analysis". Pediatr Infect Dis J. 2013 Apr;32(4):307-13.



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