Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Nicolas BOILEAU,
"De l'art poétique" (1674)
Dans une brochure éditée en 1977 par la préfecture de Paris «Les vaccinations, pourquoi, comment ?» Régine Lambert, médecin chef du service central des vaccinations écrivait à propos du vaccin contre la coqueluche ceci : "Immunité. La protection donnée par ce vaccin est très suffisante mais il semble qu'il puisse y avoir, comme pour le virus grippal, de légères mutations des germes en cause et que les vaccins doivent être adaptés régulièrement. La raréfaction de cette maladie si spectaculaire et si fréquente il y a seulement 15 ans, n'a d'autres causes que la vaccination. Il faut savoir que pour être efficace, elle doit être précoce, complète et comporter au moins deux rappels."
Dans ce texte, publié il y a 35 ans, on constate que la durée de l’immunité n’est pas précisée et que l’idéologie vaccinaliste est très fortement présente.
A-t-on aujourd’hui fortement progressé ? Est-on capable de parler des aspects techniques des vaccinations sans y introduire du militantisme pro ou anti-vaccinal ?
Je voudrais citer deux textes, l’un émanant des laboratoires GSK, l’autre du Guide des vaccinations 2012 du Ministère de la Santé.
On lit dans le dictionnaire des médicaments VIDAL (1), à propos du vaccin Infanrix-Hexa (commercialisé par le laboratoire GSK et contenant, entre autres, la valence anti-coquelucheuse), que « Les résultats de suivi à long terme en Suède démontrent que les vaccins coquelucheux acellulaires sont efficaces chez les jeunes enfants lorsqu'ils sont administrés selon le schéma de primo-vaccination à 3 et 5 mois, avec une dose de rappel à l’âge de 12 mois environ. Cependant, les données indiquent que la protection contre la coqueluche pourrait diminuer à l'âge de 7-8 ans avec ce schéma 3-5-12 mois. Ceci suggère qu'une seconde dose de rappel de vaccin coquelucheux est conseillée chez les enfants âgés de 5 à 7 ans, préalablement vaccinés avec ce schéma particulier.»
La dernière édition du "Guide des vaccinations" du Ministère de la santé (2) affirme: «L’efficacité clinique des vaccins acellulaires a été démontrée par les essais cliniques et les enquêtes épidémiologiques. Elle est de l’ordre de 85 % pour les vaccins acellulaires, variant selon les vaccins chez l’enfant et dure autour de dix ans».
Ces deux textes ont en commun de ne pas citer les sources sur lesquelles elles s’appuient. Et si GSK ne manque pas d’assurance en affirmant sans autre précision «Les résultats de suivi à long terme en Suède démontrent...», le Ministère de la santé fait mieux (ou pire) quand on lit que « L’efficacité clinique des vaccins acellulaires a été démontrée par les essais cliniques et les enquêtes épidémiologiques » et surtout quand il affirme que « L’efficacité clinique...dure autour de dix ans »
Qu’est-ce qui autorise le Ministère de la Santé à évoquer une durée approximative de dix ans ?
Dans le livre "Vaccines" de Plotkin and Orenstein, Edwards Decker et Mortimer écrivent notamment “Few data are available defining the duration of immunity afforded by acellular pertussis vaccines. Long-term follow-up of subjects in the 1986 Swedish efficacy trial did not demonstrate any décline in efficacy of the JNIH-6 or JNIH-7 vaccines through the end of thé fourth year after immunization.”
Et ils écrivent également “Some studies have found no apparent décline in efficacy for 2 to 4 years after a three-dose primary infant immunization séries; there are few data covering longer periods.”
En d’autres termes, on ne dispose pas de preuves de l’efficacité au delà de 4 ans. Cela ne signifie pas que le vaccin n’est pas efficace pendant plus longtemps. Il n’est par ailleurs pas impossible que, pour une fraction de la population, la durée de protection soit nettement plus prolongée, mais affirmer que «L’efficacité clinique...dure autour de dix ans» est inacceptable.
Je pensais ce que je viens d’écrire, mais je ne l’avais pas écrit me disant qu’on ne peut pas se battre à la fois contre le Ministère de la Santé et contre les laboratoires pharmaceutiques, contre la bêtise des uns et la démission des autres.
Et j’ai découvert cet article récent (3) qui conclue que la protection disparaît après 5 ans : "Protection against pertussis waned during the 5 years after the fifth dose of DTaP"
Il me semble que pour utiliser au mieux les vaccins nous devrions en connaître les propriétés et les limites. Et les exposer clairement dans un langage précis et compréhensible par tous.
Jean-Pierre LELLOUCHE
(1) VIDAL édition 2011, page 2348
(2) Guide des vaccinations -Direction générale de la santé, Comité technique des vaccinations- édition 2012, page 44
(3) Nicola P.Klein, Joan Bartlett, Ali Rowhani-Rahbar, Bruce Fireman, Roger Baxter."Waning Protection after Fifth Dose of Acellular Pertussis Vaccine in Children" N. Engl.J.Med. 2012; 367:1012-1019
Je suis une jeune maman et ce blog est une vraie mine d'information. J'avoue que sur la coqueluche je suis de plus en plus perplexe. J'ai grandi en France et j'ai eu mon dernier rappel DTcoq Polio en 1994 à l'âge de 16 ans. En 2004, je vivais en Suisse et le vaccin pour adulte n'a pas la coqueluche, jugée inutile, donc j'ai fait mon rappel DT Polio. J'ai eu un bébé en août 2012 et, "horreur, fatalité, madame vous allez mourir dans d'atroces souffrances" on me dit que je dois absolument me faire revacciner contre la coqueluche mais pas tant que j'allaite. Concrètement donc, je fais quoi? je refais un DTcoq Polio en 2014 sans me poser de question? et d'abord, pourquoi le vaccin coqueluche seul n'existe pas? je le fais en 2013? je fais quoi pour l'allaitement dans ce cas?
RépondreSupprimerLe vaccin de la coqueluche a effectivement une protection immunitaire qui s'amenuise au fil du temps et c'est pour cela que le Ministère de la santé recommande à présent un rappel chez l'adulte jeune afin de le protéger lui-même et surtout les bébés à naître ou nés dans la famille qu'il envisage de fonder ou qu'il a commencé à construire. Vous trouverez des informations précises et toutes récentes sur le site de l'INPES (à cette adresse http://www.inpes.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1447.pdf).
RépondreSupprimerIl est à présent recommandé une injection de moins chez le bébé (3 injections au lieu de 4 entre 2 mois et 18 mois) mais un rappel supplémentaire incluant la coqueluche à 6 ans 1/2 et un autre rappel supplémentaire DTCoqPolio chez l'adulte jeune, vers l'age de 25 ans.
Pour votre situation personnelle, vous n'avez surtout pas à interrompre votre allaitement pour réaliser ce rappel vaccinal qui n'a rien d'urgent. Puisque votre enfant est né en août 2012, il a déjà probablement reçu 2 ou 3 premières injections de vaccin incluant la valence anti-coquelucheuse et il est dans ce cas protégé contre cette maladie. Pour vous même vous pouvez donc envisager de réaliser votre rappel de vaccin l'an prochain, en 2014, "sans vous poser de questions" comme vous l'écrivez.
Sentiments dévoués
Dominique LE HOUEZEC