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28 octobre 2012

LA VARICELLE EST-ELLE UNE MALADIE ÉPIDÉMIQUE?


Dans l’Encyclopedia Universalis 2009, le professeur Jacques Maurin écrit à propos de la varicelle : «Maladie infectieuse très contagieuse, la varicelle procède par épidémies atteignant surtout les jeunes enfants, plus rarement les adolescents, parfois les adultes».
On lit pourtant dans le Dictionnaire Garnier-Delamare (1) : « Varicelle (bas latin varicella, diminutif irrégulier de variole) Synonyme : Petite vérole volante. Maladie infectieuse, contagieuse, ordinairement très bénigne, caractérisée par une éruption se faisant en plusieurs poussées, de vésicules qui se flétrissent et se dessèchent au bout de quelques jours. Les  complications pulmonaires et nerveuses sont rares. La maladie est due à un virus de la famille des Herpesviridae qui est aussi celle du virus du Zona ».


Le mot épidémique n’est pas mentionné. Pourtant, dans ce même dictionnaire, la variole, la grippe, la rougeole, la rubéole, les  oreillons sont qualifiés de "maladie infectieuse épidémique et contagieuse" mais pas la varicelle. On retrouve d’ailleurs cette bizarrerie dans le Dictionnaire culturel Robert et dans  plusieurs autres dictionnaires (dont on peut se demander s’ils  n’ont pas reproduit (s’ils n’ont pas "pompé" diraient les collégiens, "copié-collé" les Internautes) le dictionnaire Garnier-Delamare.

Pourquoi refuse-t-on à la varicelle ce que l’on accorde à de nombreuses autres maladies, la reconnaissance qu’elle peut entraîner des épidémies ? Le virus de la varicelle n’a été isolé qu’en 1952 et si l’on remonte un peu plus loin, on pensait que la varicelle ou "petite vérole volante" était une forme atténuée de variole observée chez les vaccinés. Le dictionnaire Littré (2) écrit ainsi: « Varicelle, terme de médecine. Petite vérole volante, fausse variole, variole bâtarde, c'est-à-dire petite vérole survenant la plupart du temps sur un sujet qui a été vacciné ou qui a déjà eu la petite vérole. La varicelle est parmi les petites véroles volantes celle qui s'éloigne le plus de la vraie variole et qui est la plus bénigne ».

Je pense que si le dictionnaire Garnier-Delamare et, à sa suite, de nombreux autres dictionnaires n’ont pas compris que la varicelle est épidémique, c’est qu’il existe beaucoup de confusions dans le domaine des maladies infectieuses.

Supposons qu’une maladie infectieuse contagieuse soit totalement bénigne et  qu’elle n’entraîne que des troubles mineurs et peu prolongés (le nez qui coule pendant deux heures ou avec trois accès de toux par exemple). On n’y accorderait pas une grande attention, on en parlerait peu. Supposons que cette maladie atteigne un très grand nombre de personnes, voire même la totalité de la population, entraînant une épidémie, on ne parlerait pas beaucoup de cette épidémie, en tous cas, pas longuement et sans émotion excessive.

Supposons par ailleurs une autre maladie moins fréquente mais  beaucoup plus grave. Supposons qu’elle entraîne une épidémie beaucoup moins étendue mais qu’il y ait 50% de morts parmi les personnes atteintes. Dans ce cas, on parlerait et de la maladie et du fait qu’elle a entraîné une    épidémie. La varicelle sans être aussi bénigne que  l’exemple type  évoqué ci-dessus est néanmoins comme le dit justement le Garnier-Delamare «ordinairement  très  bénigne».

La variole est, quant à elle, perçue à tort et de façon très excessive comme très contagieuse alors qu’elle n’est pas la plus contagieuse de toutes les maladies infectieuses. Henderson a décrit de façon détaillée une épidémie dans le sud Dahomey (3). Une femme et ses deux enfants,  ayant tous trois la variole, sont arrivés dans un village de 300 personnes.  La maladie toucha huit maisons en 2 mois et demi. Six maisons étaient immédiatement voisines de la maison des visiteurs infectés. Johan Giesecke, citant cette étude, (4) écrit: « Ceci  montre qu’un contact  étroit et prolongé est nécessaire  pour  la diffusion de la maladie ».

Par ailleurs Henderson et Moss, dans le livre Vaccines (5), après avoir rappelé la nécessité pour la  transmission du virus, d’un contact  étroit, rappellent que la variole n’est contagieuse qu’à partir de  l’éruption, c’est à dire plusieurs jours après le début de la maladie, et donc à un moment où le malade est alité depuis plusieurs jours et ils écrivent «En moyenne, un cas de variole entraînait rarement plus de 2 ou 5 cas dans la génération  suivante, la plupart chez des parents ou amis. C’est pourquoi  les épidémies tendaient à rester limitées à un quartier d’une ville ou à des aires localisées d’une province ou district» et ils ajoutent cette phrase essentielle, surtout quand on sait le rôle majeur joué par Henderson dans l’éradication: «La plupart des épidémies peuvent donc être contrôlées par un relativement faible nombre de vaccinations de personnes résidant dans les maisons et autour des maisons où un cas de variole a été constaté ». 

Robert Fasquelle (professeur de microbiologie aux facultés de médecine de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine) écrit, dans l’Encyclopedia  Universalis, ce texte très enflammé et très excessif : « Que la variole soit la plus contagieuse de toutes les maladies infectieuses, qu'elle soit la plus grave, notamment chez les jeunes enfants et les vieillards (mortalité 33 %, avant que n'existe la vaccination), que ceux qui en réchappaient soient restés aveugles, sourds, à tout le moins grêlés, que surtout la variole, depuis que les hommes vivent en collectivités importantes, ait été le premier facteur responsable de la limitation des populations, nul n'en doute».

Sur  le plan rationnel, il n’est pas difficile de comprendre qu’une maladie bénigne peut être très contagieuse et fortement épidémique et qu’une maladie grave peut avoir une diffusion limitée. Mais les maladies infectieuses sont rarement abordées de façon rationnelle et modérée. Il existe en effet un enjeu commercial et idéologique notamment en ce qui concerne les vaccinations. Je n’évoquerai ici que quelques éléments de cette idéologie commerciale et de la confusion qu’elle  favorise et dont elle bénéficie.

Lorsque j’étais étudiant, dans les années 60, on distinguait l’hépatite A que l’on appelait hépatite épidémique et l’hépatite B que l’on appelait hépatite de la seringue ou hépatite d’inoculation. Ce qui opposait ces deux hépatites était que la première qui se diffusait par voie digestive créait comme son nom l’indique des épidémies et que la seconde donnait plutôt des cas isolés ou rares.

Les laboratoires pharmaceutiques, lorsqu’ils ont voulu vendre du vaccin, ont fait dire sur «Fun Radio» et dans un camion-forum que l’hépatite B se transmettait très facilement et notamment  par  la salive et ont cherché à installer, et y ont réussi en partie, un climat d’inquiétude propice à leurs affaires commerciales. Ils ont utilisé «Fun Radio» et leurs animateurs «Le  Doc» et «Difool» avec une qualité des messages égale à celle des intervenants. C’est dans un climat d’excès d’impatience et de grande vulgarité que les  laboratoires transformèrent l’hépatite B en une maladie hautement  épidémique.

Or si l’hépatite B n’est pas habituellement épidémique et si on n’en observe que des cas isolés ou quelques cas groupés dans un centre de dialyse, il est vrai qu’il y a eu des «épidémies» et que ces  épidémies ont une  histoire particulière. L’OMS (6) nous rappelle  en effet que le vaccin contre la fièvre jaune était préparé initialement avec du sérum humain et que ce fait a entraîné une épidémie majeure d’hépatite chez les militaires américains en 1942 :  "Les premiers cas de jaunisse et d’encéphalite après vaccination avec le vaccin 17D sont enregistrés au Brésil. En août 1940, la pratique consistant à ajouter 10 % de sérum humain normal (nécessaire à la filtration du virus) est abandonnée. Cependant, le fait que le sérum ait été utilisé dans la préparation des vaccins aux Etats-Unis entraîne une épidémie majeure d’hépatites chez les militaires en 1942. Cette pratique avait eu pour effet de transmettre pendant plusieurs années le virus de l’hépatite B qui contaminait le vaccin antiamaril".

Le dictionnaire Garnier-Delamare (1) évoque ainsi cette maladie infectieuse : "Hépatite B ou HB Synonyme: hépatite d'inoculation, hépatite sérique homologue, ictère d'inoculation, sérum-hépatite (SH), hépatite post-transfusionnelle, hépatite à incubation longue. Affection due à un virus spécifique à ADN, le virus de l'hépatite B (ou HBV), de la famille des Hepadnaviridœ, transmis accidentellement lors d'injection de sérum ou de sang humain infectés ous par l'usage de seringues ou d'aiguilles contaminées et mal stérilisées ; parfois apporté par les sécrétions salivaires ou génitales. Elle se développe parfois en petites épidémies dans les collectivités à haut risque: personnel des laboratoires et des services de dialyse, toxicomanes, homosexuels. Elle est, en outre, très répandue en Afrique tropicale et dans certaines régions d'Asie".

Mais il ne dit rien des épidémies survenues dans l’armée américaine  dont Eric Giacommetti  (7) écrit justement : « Ironie de l'histoire, la plus grande épidémie d'hépatite B jamais enregistrée dans un pays occidental sur une période si courte a été provoquée par la main de l'homme. Et, en plus, par un vaccin ».

Si l'on veut comprendre le monde microbien et si l'on veut lutter intelligemment contre  les maladies infectieuses, il importe de tenir compte de ce que l’on sait à leur propos. Ne  pas reléguer dans l’oubli les hépatites de l’armée américaine en 1942, ne pas accepter tout d’un coup le discours délirant des laboratoires affirmant la transmission salivaire facile de  l’hépatite B. Ne  pas accepter que les débats de santé aient lieu dans un camion-forum et soient arbitrés par «Doc» et «Difool».

Autre exemple plus récent de désinformation en matière de contagiosité, celui qui a entouré la prise en charge par l’OMS de la grippe H1N1. Cette infection par un nouveau type de virus grippal n’a pas été qualifiée d'épidémique mais beaucoup mieux de "pandémique", afin de pouvoir instiller une crainte de voir survenir une infection dont  la gravité et la mortalité annoncées étaient mises en parallèle avec celles de la grippe aviaire H5N1. Pour cela, la définition du terme de pandémie a dû être changée en cours de route par l’OMS.  Jusqu'en mai 2009, la définition de l'OMS comportait «un nombre énorme de morts et de malades». Brusquement, le Dr Fukuda, directrice de l’OMS, modifie  ce caractère de gravité en n’hésitant pas à déclarer : « Qu'il y ait beaucoup de morts n'a jamais fait partie de la définition de la pandémie... » .  Ceci a permis ainsi de justifier, après avis des "experts" dont les liens d’intérêt  n’avaient pas à être révélés selon l’OMS,  une vaccination universelle  avec le passage en phase d’alerte maximale dans chaque pays en juin 2009. Les laboratoires pharmaceutiques pouvaient donner le feu vert aux chaines de production des millions de doses vaccinales qui étaient en stand-by.

Un auteur a dit : «Les médecins voient les maladies infectieuses  telles qu’elles sont, les  laboratoires les décrivent telles qu’ils pensent qu’elles doivent être pour générer le  maximum de  bénéfices».  C’est en partie la différence de ces deux approches et le poids trop fort de l’industrie pharmaceutique qui empêche que certaines évidences soient dites. La  petite vérole volante, la fausse variole, et la variole bâtarde sont tout autant que la varicelle des maladies épidémiques.


Jean-Pierre LELLOUCHE

(1)    Dictionnaire illustré des termes de médecine. Garnier-Delamare, 30ème édition, 2009
(2)    Dictionnaire de français Littré en ligne 
(3)   HendersonRH, Yepke M. Smallpox transmission in Southern  Dahomey.  A study of a  village  outbreak.  Am.  J. Epidemiol. 1969;90(5) :423-428 
(4)  Giesecke, J. Modern infectious disease epidemiology.  Edward Arnold 1994
(5)  Plotkin S.A., Orenstein W.A., Offit P.A. Vaccines.  Elsevier Health Sciences, 2008
(6) OMS. Vaccins et produits biologiques.  Maladies transmissibles, surveillance et action. Fièvre jaune. 1999   
(7)   Giacommetti E.  « La Santé publique en otage : les scandales du vaccin contre l'hépatite B », Albin Michel, Paris, 2001.




4 commentaires:

  1. J’ai été très intéressé par cet article. J’ai vérifié dans le Larousse "super-major" CM1-CM2-6ème 1997. Effectivement, il est dit de la varicelle que c’est une maladie contagieuse et de la variole qu’elle est contagieuse et épidémique.

    Comme si la maladie grave, parce qu’elle peut tuer et parce qu’elle est redoutée avait le seul droit au qualificatif d’épidémique.

    Jean FIORENTINO

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  2. Lellouche a raison de dire que le vocabulaire médical est souvent imprécis.

    Rien ne justifie en effet que la varicelle, maladie très contagieuse donnant fréquemment des épidémies n’aie pas droit au qualificatif de maladie épidémique, alors que la variole qui est beaucoup moins contagieuse... mais je ne veux pas réécrire ce qu’il a déjà écrit.

    Je crois que dans tous les domaines l’émotionnel prend beaucoup de place. C’est normal ou du moins facilement compréhensible mais cela rend les échanges rationnels plus difficiles.

    Ce dont profitent les gens et les forces qui ont intérêt à ce que les débats soient fortement parasités par de l’émotionnel (je ne vise personne, ni les laboratoires pharmaceutiques, ni les responsables politiques incompétents et
    somnolents.

    Xavier BETAIL

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  3. ORTOT Sébastien1 novembre 2012 à 12:05

    Je n’avais jamais réfléchi à ce que nous dit Lellouche.

    En parcourant le "Guide des vaccinations" 2012, j’ai l’impression qu’il dit vrai. La rougeole est présentée comme "l’une des maladies les plus contagieuses", ce qui est vrai mais le terme contagieux n’est employé ni pour la rubéole ni pour la varicelle ni pour les oreillons.

    Il serait intéressant de savoir si, en Italie et dans les pays anglo-saxons, on retrouve cette même imprécision dans la qualification des maladies infectieuses.

    Du point de vue émotionnel,toute maladie grave est trop fréquente puisque l’on souhaiterait très fort qu’il n’y en ait plus du tout. Mais la variole, maladie grave est beaucoup moins contagieuse que la varicelle maladie bénigne. Il est normal de redouter davantage une épidémie de variole qu’une épidémie de varicelle. Mais il ne faut pas tout confondre.

    Ce qui est très grave est trop fréquent bien sûr. Mais la fréquence doit être dissociée de la gravité, sinon on ne peut plus parler d’autre chose que de nos émotions et de nos désirs.

    Sébastien Ortot

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  4. Je crois que cela est une très mauvaise maladie!

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