
Les cancers chez l’enfant, ou tout au moins certaines formes de cancers, augmentent-ils de fréquence ?
Certains médias grand public affirment que oui et citent des facteurs environnementaux (dioxine, pesticides, radiations électro-magnétiques…)
Les livres médicaux et l’enseignement en faculté sont par contre plus réservés.
Les cancers chez l’enfant, ou tout au moins certaines formes de cancers, augmentent-ils de fréquence ?
Certains médias grand public affirment que oui et citent des facteurs environnementaux (dioxine, pesticides, radiations électro-magnétiques…)
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Les cancers chez l’enfant, ou tout au moins certaines formes de cancers, augmentent-ils de fréquence ?
Certains médias grand public affirment que oui et citent des facteurs environnementaux (dioxine, pesticides, radiations électro-magnétiques…)
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Les cancers chez l’enfant, ou tout au moins certaines formes de cancers, augmentent-ils de fréquence ?
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Incidence des cancers de l'enfant USA (3) |
En m’appuyant principalement sur deux livres de bonne qualité "Épidémiologie des cancers de l’enfant" de Dominique Sommelet (1) et "Cancers de l’enfant" de Chantal Kalifa (2), je voudrais m’interroger :
1. Le mélanome et les ultra-violets.
On sait que l’exposition au soleil favorise les mélanomes. Ce risque lié aux rayons ultraviolets n’est pas abordé dans le livre de D. Sommelet avec la justification suivante : "Les expositions aux rayonnements ultraviolets, qui font partie des radiations non ionisantes, n’ont pas été abordées ici car aucun élément ne permet aujourd'hui de les mettre en cause dans le risque de cancer chez l'enfant (les mélanomes cutanés se manifestent généralement à l'âge adulte)."Ceci ne me semble pas acceptable pour plusieurs raisons :
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L'appréciation exprimée ainsi "en dépit d'études cliniques préalables très controversées" est soit un extraordinaire euphémisme, soit une absolue contre-vérité. Il n’y a pas eu des études très controversées et s’il y en avait eu, il serait bon de les citer. En revanche, il y a eu, et cela dès le tout début de cette histoire (en 1953), une étude randomisée d’excellente qualité qui avait clairement établi l’inefficacité de ce traitement (4)(8).
3. Radiations ionisantes et cancer de la thyroïde
Incidence du cancer de la thyroïde au Bélarus (6)
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"Varie peu dans différents pays." Cela signifie-t-il que l'incidence varie peu entre France et Bélarus? Cela signifie-t-il que cela a peu varié au Bélarus avant et après Tchernobyl? Dans les deux cas ce serait inexact.
4. Perturbateurs endocriniens et cancers du testicule
On peut lire sur le site Wikipedia (7) : "L’incidence du cancer du testicule augmente depuis plusieurs décennies dans un certain nombre de pays européens. Il y aurait une corrélation entre la présence de perturbateurs endocriniens et les malformations de l'appareil reproducteur, par exemple entre la présence de pesticides et la cryptorchidie ou entre des composés de type bisphénol A ou dioxines et l’hypospadias."

(1) Dominique Sommelet, Jacqueline Clavel, Brigitte Lacour." Epidémiologie des cancers de l’enfant." Springer 2009
(3) National Cancer Institute. Surveillance Epidemiology and End Results (1975-2009)
(4) Dieckmann WJ, Davis ME, Rynkiewicz LM, Pottinger RE. "Does the administration of diethylstilbestrol during pregnancy have therapeutic value?". Am. J. Obstet. Gynecol. 1953, 66 (5): 1062–81
Je suis globalement d’accord avec ce que dit Lellouche. Mais je le trouve beaucoup trop gentil.
RépondreSupprimerConcernant le mélanome, il dénonce à juste titre l’attitude du livre de D. Sommelet et coll. qui ne traite pas de ce cancer car il ne se manifeste pas chez l’enfant mais chez le jeune adulte. Mais il ne dit pas ce que dit le livre de C. Kalifa et coll. qu’il a aussi cité. Or dans ce livre il est écrit à propos du mélanome -page 343- : "La mode de l’exposition solaire dans les populations de race blanche au cours des vingt dernières années explique probablement la nette augmentation de l’incidence de cette tumeur, qui a doublé depuis 10 ou 15 ans."
Lellouche aurait dû nous donner à goûter ces mots, "qui a doublé depuis 10 ou 15 ans." Lorsqu’on dit "depuis 10 ou 15 ans", c’est que l’on parle de ce que l’on ressent, de ce que
l’on estime. Mais on ne mesure pas sérieusement une augmentation d’incidence sans préciser dans quel intervalle cette augmentation a eu lieu.
Mais c’est le "doublement" qui mérite vraiment d’être critiqué. Dans un article de Kurtis B. Reed,et coll (1), analysant l’augmentation d’incidence dans le Minnesota, entre le 1er janvier 1970 et le 31 décembre 2009, les auteurs trouvent une multiplication par 8 des mélanomes chez la femme et un quadruplement chez l’homme...
Dans la phrase du livre de C. Kalifa et coll. : "la nette augmentation de l’incidence de cette tumeur, qui a doublé depuis 10 ou 15 ans", on peut retenir que "nette augmentation" est vrai, mais que ni l’aire géographique, ni la durée où cette "nette augmentation" a eu lieu ne sont précisés. Et enfin, le "doublement" est probablement une extraordinaire sous-évaluation (du moins en ce qui concerne Olmsted County Minnesota).
Jean FIORENTINO
(1) Kurtis B. Reed,et coll. Increasing Incidence of Melanoma Among Young Adults: An Epidemiological Study in Olmsted County, Minnesota. Mayo Clin Proc. 2012; 87(4): 328–334. (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3538462/)
Je lis dans le texte de Lellouche cette question : "Pourquoi (les facultés de médecine) ne se donnent-elles pas pour objectif de former des médecins compétents et motivés à lutter contre les maladies, mais aussi contre les facteurs qui conduisent à ces maladies ?
RépondreSupprimerA cette question, je voudrais répondre par un témoignage et une réflexion.
Dans les années 70, des étudiants de la faculté de médecine de Caen ont découvert l’existence des usines Ferodo et les problèmes de santé liés à l’amiante. Ils se sont rendus compte qu’on leur enseignait très peu ces problèmes qu’on ne les y sensibilisait pas. Et pire, lorsqu’ils ont commencé à s’y intéresser, certains patrons hospitaliers ont cherché à les faire taire et à "punir les meneurs".
La réflexion que cela m’inspire est la suivante. L’histoire a fait que l’amiante est interdit à l’emploi. Mais cette interdiction ne s’est pas accompagnée d’une reconnaissance pleine et entière par l’institution médicale de ses erreurs et de ses lacunes. Cet épisode aurait pu, si on l’avait reconnu, si on y avait réfléchi, si on l’avait exposé aux générations suivantes, être l’occasion pour les étudiants de savoir qu’il existe des facteurs environnementaux nocifs pour la santé.
Je suis persuadé que ni cette erreur ni d’autres ne sont suffisamment enseignées.
"Former des médecins compétents et motivés à lutter contre les maladies mais aussi contre les facteurs qui conduisent à ces maladies" dit Lellouche. Oui, mais on ne peut les former que si l’on reconnaît que des médecins compétents et motivés cela ne fait pas l’unanimité. Ne pas dire que dans les années 70 cette unanimité n’existait pas, c’est refuser d’affronter aujourd’hui les obstacles qui se dressent contre la formation de médecins compétents et motivés.
Je ne sais pas quelles ont été en France les conséquences de Tchernobyl, mais je vous recommande très vivement la vidéo visible sur ce site http://www.huffingtonpost.fr/2012/08/01/une-enquete-en-corse-sur-consequences-tchernobyl_n_1729125.html
RépondreSupprimerOn y apprend comment le professeur Pellerin a géré la situation.C’est vraiment hallucinant.On n’a retenu que son affirmation que le nuage s’était arrêté aux frontières.Mais il faut écouter avec beaucoup d’attention ce qu’il déclare (à a minute 21 de l’enregistrement): "Ca ne menace personne actuellement. Sauf, peut-être dans le voisinage immédiat de l’usine. Et encore, c’est surtout dans l’usine que je pense que les Russes ont admis qu’il y avait des personnes lésées"
Je trouve que cette phrase est extraordinaire : "Cà ne menace personne...sauf peut-être ...et encore..." et dans le "et encore", il met encore des réserves. Il ne dit pas qu'il y a eu des personnes lésées, mais que "les Russes ont admis..."
Dans cette vidéo, de nombreux témoignages me semblent très importants, mais je recommande particulièrement ( à la minute 28) celui de Nicole Parmentier, chef du service sanitaire de l’institut de protection et de sûreté nucléaire. Elle dit avoir essayé d’informer Pellerin et dit "Quand un homme est sûr qu’il possède la vérité, quel dialogue pouvez-vous avoir avec lui ?"
3 remarques:
RépondreSupprimerSur les cancers de la peau d'une part: avec les rares beaux jours, j'ai mis un chapeau et des petites lunettes de soleil à ma fille de presque huit mois quand le soleil tapait fort. J'ai tout de suite vu combien elle était contente de ne plus être éblouie alors qu'elle avait plutôt tendance à "râler" en balade quand elle était éblouie. Pourtant, quasi tout le monde me regarde comme si j'étais, au choix folle, trop précautionneuse ou incurable fashionista. Tant que le message de prévention sur la peau des bébés ne sera pas martelé par les professionnels de santé et intégré comme il l'est en Australie, aux USA et ailleurs en Europe, on est mal partis...
Sur le cancer de la thyroïde et Tchernobyl d'autre part: j'y ai eu droit, diagnostiqué à l'âge de 30 ans, opération, ablation totale, curiethérapie (ce que j'ai toujours trouvé ironique comme traitement d'ailleurs mais bon...)... En Suisse, les médecins racontent avoir observé, le jour du passage du nuage, un affolement de tous les appareils de mesure des radiations de tous les hôpitaux: alors soit il n'y avait pas les mêmes protocoles de sécurité en France soit le mensonge et/ou l'omission a été général. D'ailleurs en France aucun médecin n'admettra que votre cancer puisse venir de là (la bonne blague du "c'est mieux dépisté c'est pour ça qu'il y en plus") alors qu'ailleurs en Europe c'est reconnu et intégré comme tel.
Enfin sur les perturbateurs endocriniens: on voit le coup du BPA d'abord interdit dans les biberons, puis peu à peu dans les conserves mais pas tout de suite, le temps de laisser les industriels nous empoissonner pardon trouver des alternatives.... Par contre on continue à vendre de la vaisselle pour bébé en mélamime qui passe au micro-onde sans tenir compte des études montrant que chauffée la mélamine a une vilaine propension à décharger des cochonneries, nocives pour les reins notamment. C'est un peu d'organiser que de chauffer par ailleurs le contenu de l'assiette de bébé avant de lui servir, mais qui le fait, si personne n'est au courant des risques?
La société de l'information dans laquelle nous vivons désormais tend à vouloir rendre les gens responsables "puisqu'ils pouvaient s'informer", mais trop d'information tue l'information...
Tu aurais pu rajouter l'étude ESCALE (Étude épidémiologique Sur les Cancers et les Leucémies de l'Enfant) de J.CLAVEL (http://www.u754.idf.inserm.fr/page.asp?page=4426) qui retriouve un lien entre leucémie de l'enfant et proximité des stations-service, sans que l'on prenne de mesures pour éviter ce facteur de risques.
RépondreSupprimerEgalement la publication de E. Steliarova-Foucher dans Lancet-2004, 364(9451):2097-105 (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15589307) qui montre, sur trois décennies, un acroissement de 1% par an de tous types de tumeurs chez l'enfant, en particulier les carcinome et lymphomes chez le jeune enfant et les tumeurs testiculaires chez l'adolescent.
Michel NICOLLE